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Parentalité Créative

Réinventer noël est-ce possible ?

L’enfance est traditionnellement vue comme une période d’innocence, empreinte de légèreté, d’insouciance. Certains vont même jusqu’à la qualifier d’enchanteresse. Les enfants n’auraient aucune responsabilité et passeraient leur temps à jouer.

Mais si ces premières années sont si merveilleuses, pourquoi trouve-t-on si peu d’adultes réjouis à l’idée de redevenir enfant ? Qu’en pensez-vous ?

Je vous propose un petit voyage au pays de l’enfance, assorti de quelques questionnements, réflexions pour accompagner vos petits dans le respect de ce qu’ils sont.

Joyeux Noël !

Des souvenirs inoubliables mais contrastés

« J’ai vécu des Noëls inoubliables, nos parents se mettaient en quatre pour que nous ayons des cadeaux, ils décoraient la maison, elle était pleine de lumières. Je me rappelle de l’excitation que je ressentais, j’y pensais dès le mois de septembre… Je commençais déjà à me poser la question de la liste au père Noël » relate Lydia.

 

« Mes parents sont séparés, et je me souviens avant tout de Noël comme d’une situation problématique. Celui avec lequel je ne passais pas Noël s’en trouvait toujours déçu. Je n’y étais pour rien mais je recevais cette frustration de plein fouet. Avec les cadeaux se jouait une sorte de compétition entre mes parents, lequel des deux ferait le plus gros cadeau ? Qui me ferait le plus plaisir ? Aujourd’hui c’est avec une certaine amertume que je pense à tous ces moments de fête obligatoire, qui étaient pour mes parents des opportunités de luttes pour mon amour… Ils voulaient tous les deux être le parent préféré… » rapporte Hélène.

 

« A Noël on mangeait beaucoup, et ça durait des heures, mais c’est quand même le seul jour où nous pouvions sortir de table avant la fin du repas. Nous avions le droit d’aller jouer avec nos cadeaux, c’était vraiment spécial, les règles n’existaient plus vraiment. Les parents nous fichaient la paix. » se souvient Christine.

 

« Ce dont je me souviens c’est que j’avais toujours des jeux éducatifs, ma mère était institutrice, et elle choisissait elle-même les jeux. Je m’y suis plus ou moins habituée, parfois je trouvais les jeux vraiment chouettes, mais je ne les avais pas choisis, et j’étais toujours un peu triste de ne pas recevoir ce qui me faisait envie… Le côté positif dans tout ça, c’est qu’on jouait beaucoup le jour de Noël, c’était même la seule période où on jouait en famille en dehors des vacances » raconte Marie.

 

« J’ai été tellement déçue le jour où j’ai appris que le père Noël n’existait pas. J’en ai voulu à mes parents ! Je l’adorais, ce bonhomme, moi. Il exécutait tous les désirs des enfants, il semblait si merveilleux… Et puis j’ai ressenti quand même un peu de honte, rétrospectivement, je m’en suis presque voulu d’avoir cru une chose pareille… En plus mes frères et sœurs plus grands « savaient », eux, il fallait entretenir le mythe pour moi, la petite dernière » à l’évocation de ce souvenir Lise est encore indignée !

 

Et pour vous comment se déroulait Noël ? Quel genre de cadeaux avez-vous reçu, et dans quel objectif ? Ces cadeaux étaient-ils offerts sans aucune attente ? Avaient-ils pour fonction de réparer quoi que ce soit dans la relation ? Le manque de temps passé ensemble par exemple ?

Avez-vous cru au père Noel ? Comment avez-vous appris son inexistence ? Qu’avez-vous ressenti alors ?

La fête des enfants

Noël s’avère être très symbolique de la façon dont nous considérons les enfants dans nos sociétés occidentales. Ils n’ont aucun besoin de connaître la vérité, leur vie est une sorte de jeu grandeur nature. Leur pouvoir est extrêmement limité, et leur plaisir vient de ce qu’ils sont « gâtés » matériellement. Cette fête est pour certains enfants l’unique occasion d’être un peu mieux traités : l’abandon de certaines règles, l’attention particulière qui leur est donnée ce jour-là, les cadeaux, tout ceci s’avère exceptionnel dans certaines familles.

Il n’est pas très étonnant que certains adultes conservent une incroyable nostalgie de Noël, jusqu’à en être déprimés à chaque fin d’année. Cette fête mettrait-elle en évidence les tristes conditions de vie des enfants ?

Autre versant connu du 25 décembre, Noël est quand même une occasion de pousser les enfants à « obéir » : « Si tu ne fais pas ceci ou cela, le père Noël ne passera pas cette année ». Ou à abandonner certains stigmates dérangeants de la petite enfance : « Tu donneras ta sucette au père Noël, il sera très content ! ».

Tout ceci n’est guère compatible avec l’idée de célébrer ensemble la dimension religieuse de Noël (pour certains en tout cas), ou le retour de la lumière, la fin de l’année etc.

Est-il possible de réinventer Noël ?

Partager, un mot magique !

Quel qu’ait été notre vécu de Noël, nous pouvons réfléchir au sens que nous souhaitons donner à cette fête. Ce que les êtres humains préfèrent c’est le partage. Faire ensemble c’est déjà un cadeau ! Alors avant Noël, discuter en famille de tout ce que l’on aimerait ce jour-là, ça peut être un début. Chaque membre de la famille pourrait faire des listes de désirs, proposer des recettes originales, chercher comment fabriquer des décorations, imaginer une soirée particulièrement exaltante, etc. Tout comme nous, les enfants aiment proposer, décider et agir.

Les cadeaux

Côté cadeaux, il paraît que donner rend beaucoup plus heureux que recevoir. Alors si vous laissiez vos enfants préparer aussi des cadeaux pour vous ? Recevoir c’est aussi se rendre compte qu’un membre de la famille a passé du temps à chercher quelque chose d’adapté, c’est un moyen de donner de l’attention, et enfants et adultes peuvent y être très sensibles. Le mythe du père Noël ne permet pas à la gratitude de s’exprimer. Et si vous avez tendance à vouloir orienter les choix de vos enfants, essayez peut-être de les laisser désirer et obtenir ce qu’ils souhaitent (si toutefois votre budget vous le permet, mais s’il ne vous le permet pas les collectes familiales sont souvent très efficaces). Vous avez toujours eu envie d’un train électrique ? Allez-y, foncez ! Essayez de ne pas mettre ce désir sur les épaules de votre enfant, assumez plutôt le vôtre, pour le plus grand plaisir de tous, vos enfants aiment vous voir prendre plaisir à jouer !

 

Catherine Dumonteil-Kremer

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