Marre qu’il touche à tout ?

Ma réponse à une maman inscrite au groupe Parents Conscients :

« … »ça semble difficile de vivre avec un petit bambin qui commence à se déplacer, d’ailleurs c’est apparemment à ce moment-là que les parents commencent à « taper », beaucoup de tapes sur la main sont données à cet âge, avec les meilleures intentions qui soient.

Pour moi ce pb a deux dimensions, celle qui me concerne en tant que parent : ce que j’attends de mon enfant (est-ce réaliste ? Pourquoi ses attentes ? Comment ai-je vécu cette période de ma petite enfance ? ) dans les faits il y a pas mal de questions à se poser, pourquoi cet agacement ? Pourquoi cette colère ? Qu’a-t-il fait ce petit-là si ce n’est son « travail d’enfant en croissance ». Une force intense est à l’oeuvre en lui, elle lui dit : explore, découvre, touche, expérimente, fais tout ce qui est en ton pouvoir pour apprendre et comprendre, pour entrer dans ce monde fascinant. Tout ceci n’est pas conscient, c’est juste une image que je te donne, personnellement elle m’aide à comprendre les petits avec leurs désirs, leur impétuosité, leur « vouloir », ils veulent si fort, si intensément quelquefois ! ça m’énervait beaucoup ces « je veux » en boucle, avant que je comprenne et ressente à quel point il n’y avait eu que peu de place pour mes désirs, mes « je veux » quand j’étais enfant.

La plus grande partie du pb m’appartient quand je veux absolument que mon enfant de quinze mois « fasse ou ne fasse pas », ce sont mes propres blessures qui se manifestent et elles n’ont pas grand chose à voir avec mon enfant. Mon enfant grandit et fait ce que son moteur interne lui commande de faire, il découvre par tous les moyens, il demande ce dont il a besoin, il l’exige même, on peut lui faire confiance.

L’autre dimension c’est notre attachement à certains objets, livres, disques, ordinateurs, que sais-je encore, notre attachement aux autres en général, nous ne voulons pas que notre enfant agresse les autres, ou qu’il détruise certains objets que ce soit les nôtres ou ceux des autres.

C’est une question épineuse, qui engendre parfois pas mal de discussions entre les parents. Il y a ceux qui ne veulent rien changer chez eux, et d’autres qui déménagent leurs maisons à la cave en attendant des jours meilleurs ;-))))

Les solutions pour lesquelles nous optons n’ont que peu d’importance en définitive, celui qui ne veut rien changer devra probablement pendant cette période courir beaucoup après son enfant, et trouver des solutions alternatives d’un autre côté,son enfant s’acclimatera vite à la fragilité de certains objets, il apprendra à se servir de ce qui est technique facilement, s’il est accompagné depuis l’âge de la marche bien entendu, j’admire les parents qui le font.

J’ai opté pour un juste milieu, entre garder un maximum d’objets chez moi, et scotcher un tapis souris sur ma colonne d’ordi (pas facile de taper un document quand un enfant vient expérimenter l’usage des interrupteurs !) et ma foi, j’ai survécu à trois enfants en pleine santé avec un grand désir de découverte.

Quand les enfants s’apprêtaient à faire quelque chose, comme par exemple, casser un vase ou quoique ce soit d’autre, je m’écriais « attends » et j’empêchais mon enfant de le faire avec douceur, considérant que ce que son moteur lui dicte de faire ce n’est pas « casse ce vase pour ennuyer ta mère » mais plutôt « essaie de voir ce qui se passe si tu lances cet objet au sol, c’est si excitant de lancer et de voir tomber ! » Tu vois ce que je veux dire ?

A chaque fois que j’ai fait autrement, à chaque fois que j’ai crié, (ce qui m’arrive encore) j’ai fait peur à mes enfants, et j’ai généré en eux un doute, un doute à propos d’eux mêmes, tout ce que je suis me dicte de le faire, et ma mère me fait peur.

Il y a beaucoup de petits trucs à mettre en œuvre pour la, pose de limite (c’est pour en faire un petit catalogue que j’ai écrit « Poser des limites à son enfant et le respecter » ) mais tous les trucs de la terre ne remplaceront pas l’introspection que l’on peut faire quand on est parent, les trucs aident à vivre au quotidien, ils nous aident quand on n’en peut plus, quand on se sent devenir violent avec ses enfants. Mais le travail sur nous, est d’une efficacité considérable, je ne peux pas te dire le nombre de fois, ou travaillant un pb précis de mon enfance, je voyais cette même difficulté disparaître immédiatement du comportement de mes enfants.

Dans cette relation parents enfants il y a tant de richesses à trouver sur nous mêmes, on se découvre, on a la chance de redevenir nous mêmes, avant d’aborder la vieillesse, d’être presque en pleine possession de nos moyens. Et le voyage commence au moment où on se met en rogne n’est-ce pas ?

Dans le fond il y a une bonne nouvelle là dedans. 🙂

Chaleureusement. »

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Catherine Dumonteil Kremer parentalité positive bienveillante

Catherine Dumonteil-Kremer, formatrice en parentalité positive

Avec plus de 30 ans d’expérience dans le soutien à la parentalité non violente, Catherine Dumonteil Kremer a fondé la Journée de la Non-Violence Éducative (JNVE) en France en 2004. Elle a créé le métier de consultant en parentalité et le programme « Vivre et Grandir Ensemble », premier programme français validé par la recherche.

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