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Parentalité Créative

Survivre aux caprices

Même si nous comprenons que le mot « caprice » n’est qu’un jugement péjoratif sur les désirs et besoins des enfants, il est souvent très difficile de se confronter aux émotions qui l’accompagnent lorsque nous disons « non ».

Vivre avec des tout-petits, c’est un entraînement intensif à l’écoute des tristesses, colères, rages, craintes qui ne manquent pas de survenir tant leur environnement est complètement nouveau et suffit à lui seul à les frustrer très souvent. « Quand on dit non à notre fils, soit il se met à pleurer ou hurler, soit il se roule par terre, et je trouve ça dur de voir son enfant dans cet état quand on veut seulement son bien et non son malheur.

Alors, comme beaucoup de mamans, je lui explique que ce n’est pas beau et que je n’aime pas qu’il fasse des crises comme ça. » J’ai reçu ce témoignage ce matin, et je trouve qu’il tombe à pic.

La jeune maman qui l’a écrit parle d’un enfant de 16 mois. En le lisant, j’y trouve tout ce qui fait la problématique de la situation qui consiste à refuser quelque chose et à voir son enfant se manifester émotionnellement très fort.

Le premier élément qui me vient à l’esprit, c’est que notre enfant ne peut faire autre chose que manifester bruyamment et de tout son être son désaccord. Son cerveau ne lui permet pas de différer l’expression d’une crise de rage. Catherine Gueguen, dans son livre « Une enfance heureuse », définit à 8 ans l’âge auquel un enfant serait capable d’exprimer sa colère de façon moins impulsive.

Le second, c’est que ces manifestations émotionnelles bruyantes lui permettent de guérir de la frustration qu’il éprouve. Elles sont à accueillir simplement. Même si elles mettent au défi notre estime de nous en tant que parents. Et cela va durer bien au-delà de 8 ans. Notre enfant en crise ne traverse pas de « malheur », c’est simplement une réaction physiologique qui lui permet de retrouver son équilibre.

Troisième piste : « Ce n’est pas beau » peut signifier « Ce n’est pas normal » ou « Cela ne se fait pas », c’est le regard de l’autre qui est alors à l’oeuvre. Ce regard nous paralyse parfois ou nous pousse à agir de manière contraire à notre philosophie. Il a aussi un impact très fort sur nos enfants qui peuvent commencer à se sentir honteux d’éprouver simplement ce qui les traverse. Le regard de l’autre peut nous rendre rétifs à l’idée de dire « non » en public, lorsque nos enfants nuisent ostensiblement aux autres par exemple.

Une idée que je donne souvent aux parents et que j’ai éprouvée moi même, c’est de trouver un endroit où les crises de rage peuvent être écoutées sans exposer nos enfants et nous-mêmes aux commentaires d’un public dont la mémoire traumatique est vraisemblablement réveillée par ce tapage émotionnel.

En gros, les personnes sont très souvent indignées car leurs propres réactions d’enfant étaient généralement punies, et plus ou moins interrompues dans la violence.

Quatrième point : le plus important, je crois, dans tout cela, c’est notre travail sur nos blessures d’enfant liées à la méconnaissance de nos parents de ce que sont les processus émotionnels, ce qui avait pour résultat des situations répétitives d’incompréhension que parfois nous reproduisons avec nos enfants. Apprendre à accueillir les manifestations d’insatisfaction fait partie de notre travail de parents, et même si ce n’est pas la part le plus agréable il s’avère que c’est probablement une des plus riches, car elle nous invite à une meilleure connaissance de soi et des autres.

Nous devenons des écoutants chevronnés sur lesquels nos enfants, mais aussi notre tribu, peuvent alors compter.

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