Mon carnet de voyage émotionnel
Un compagnon de voyage
Et si vous emportiez votre carnet avec vous en vacances ?
Je vous assure qu’il n’y a pas meilleur compagnon dans toutes les circonstances du voyage ! Faire la queue pour enregistrer des bagages ou pour aller visiter un musée est devenu un vrai plaisir pour moi depuis que je me suis mise à dessiner. Mais pour cela, j’ai dû surmonter des obstacles qui ont fait remonter en moi beaucoup
d’émotions.
Se détacher du résultat
C’est la première sensation désagréable que j’ai vécue avec le dessin.
En regardant ce que je faisais, je me disais : « Ça ne ressemble à rien », « Je n’y arriverai pas », bref, tout ce que me
raconte mon critique intérieur quand il est en forme. Je retrouve cela chez beaucoup d’adultes qui ont perdu l’audace qu’ont souvent les enfants pour le dessin.
J’ai résolu ce problème avec ces trois affirmations :
● Si tu veux que ce soit ressemblant, fais donc une photo, ça ira plus vite.
● Ce qui est intéressant dans ton dessin c’est qu’il TE ressemble.
● La pratique, c’est ce qui est central dans un apprentissage, ton cerveau va s’habituer et t’aider.
Le processus est plus important que le résultat, toute la démarche est dans le processus.
C’est un plaisir de se poser pour observer une personne, un monument, une porte, un plat dégusté au restaurant. Cela nous permet de donner plus de saveur aux instants. Poser son stylo sur une page de notre carnet, devenir attentif à ce qu’on ressent, tracer des lignes sans se soucier du résultat.
Partager cela avec ses enfants leur donne un exemple assez fort, en particulier quand c’est tout nouveau pour nous. Les efforts que nous faisons pour apprendre, la maladresse qui nous caractérise quand nous débutons, tout ceci est encourageant pour les membres de
notre famille. Et si nous arrêtons de dévaloriser ce que nous faisons, ils ne le feront pas non plus pour eux-mêmes.
Dessiner ensemble un même sujet, c’est magique, et cela montre à quel point notre façon de tracer est différente. Chaque ligne a sa personnalité et cela se voit au premier coup d’œil.
Accepter d’être observé
Quand on se pose pour dessiner, certaines personnes regardent par-dessus notre épaule, et engagent souvent la conversation. Cela peut être très intimidant. Qui suis–je pour attirer le regard et commentaire ? Il/elle va être déçue, elle pensait peut–être que j’étais une
authentique artiste.
Voici mes affirmations remèdes :
● Les gens t’envient car tu oses
● En plus, en exhibant ta maladresse, tu es inspirante.
● Tu fais des rencontres inattendues et c’est bon à vivre.
● Assumer qui on est, c’est ce qui nous rend attirant.
Avant d’arriver à ces conclusions, j’ai pas mal travaillé, et beaucoup dessiné de ma voiture, ou bien d’un poste d’observation un peu caché, avec un petit carnet A6 vraiment difficile à capter. Et j’ai fini par ne plus être gênée par le regard de l’autre. J’ajoute que c’est un travail que j’ai aussi fait depuis longtemps sur de nombreux autres sujets.
Pratiquer tous les jours
C’est peut–être le plus difficile pour moi : la régularité.
C’est la raison pour laquelle j’ai embarqué certains de mes amis dans cette pratique, des gens qui ne savaient pas du tout dessiner comme moi mais qui se sont largement pris au jeu. Nous partageons nos dessins sur des petits groupes. Parfois, nous ne dessinons pas pendant plusieurs semaines. Mais je remarque que notre regard s’aiguise, et que cette acuité, nous ne la perdons jamais complètement.
Arrêter de penser, et dessiner
Parfois, j’ai peur… Peur de dessiner des visages ou des corps, je pense que c’est trop compliqué. Dessiner une main, brrrrr non, c’est vraiment trop dur ! Il vaut mieux que je me mette à mes projets de livre, tiens, je serai plus efficace.
Oui, mais… Quand je fais ce qui me fait peur, quand j’essaie simplement de tracer des lignes, de regarder et de dessiner ce que je vois sans me faire de commentaires, sans me dire sans cesse que c’est trop dur. Il se passe quelque chose en moi et je fais, j’agis, j’expérimente. Je découvre que je peux dessiner n’importe quoi, je me sens libre. Observer les pensées est un processus méditatif, en dessinant je parviens parfois à arrêter leur flot. Et ça me fait beaucoup de bien.
Échauffement avec Linda Barry
Linda Barry est l’une de mes autrices favorites en matière de dessin, BD, etc. Dans l’une de ses vidéos sur Internet, elle propose un échauffement que je vous invite à vivre en famille.
Il s’agit de dessiner les yeux fermés pendant trois minutes.
Mettez un minuteur et dessinez les yeux fermés :
● une girafe,
● un chat,
● un squelette (si si, je vous assure que ça marche),
● vous, des pieds à la tête,
● un de vos enfants,
● ou tout autre sujet dont vous aurez l’idée.
On rit beaucoup en faisant cette activité, et cela rend notre main beaucoup plus enthousiaste et audacieuse, vous ne trouvez pas ?
Et si mes enfants ne veulent pas dessiner ?
L’objectif n’est pas de les contraindre. Je vous suggère de proposer, d’accepter les éventuels
refus et de vous y mettre vous – même avec joie. C’est ainsi que vos enfants vous emboîteront peut–être le pas…
Admettons que vous partiez tous avec chacun un carnet. Vous allez vous poster ensembledevant une scène que vous avez envie de dessiner, à moins que chaque membre de lafamille ne choisisse son sujet.
En dessinant, vous engrangez en vous tous les éléments de lasituation, les émotions, les sensations, les parfums, les couleurs, l’environnement. Une fois rentrés, chaque fois que vous ouvrirez votre carnet, tout ceci remontera à la surface, tout le plaisir que vous avez eu à traverser ces lieux avec vos enfants. C’est un moyen très efficace de se remémorer les bons souvenirs.
Bonnes vacances !
Catherine Dumonteil-Kremer
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