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La désapprobation

La désapprobation

Vendredi matin, j’étais à la Poste, un de mes observatoires favoris… Non que j’y fasse spécialement des heures supplémentaires, mais les situations observées m’inspirent fréquemment ma chronique… Donc, disais-je, j’étais à la Poste.

Imaginez plutôt :

Une mère de famille est assise à côté de la poussette. Elle a un air de « bonne » maman épuisée. C’est ce que je ressens à son approche. Il y a une file d’attente importante, comme toujours à cette heure-là. Elle a demandé à quelqu’un de garder sa place, et elle veille sur son bambin de 2 ou 3 ans, qui court partout dans ce lieu public, comme un petit aventurier avide de découvertes.

Il est content, énergique, elle a le regard immensément triste… Subitement, ça y est, on lui fait signe, c’est à elle de se présenter au guichet, elle se redresse, jette un œil sur son fils.

 

Pendant qu’elle discute avec un aimable représentant de ce qu’il nous reste de service public, son petit garçon continue son œuvre. Il parcourt le lieu d’un pas trépidant.

Elle pose son problème, sa demande, je n’en sais rien… Nous, dans la file d’attente, savons qu’elle a relâché sa surveillance. Et le bambin se poste alors devant les portes automatiques.

 

Il est placé devant, attendant quelque chose. Là où il est situé, il ne peut déclencher le mécanisme, mais quelqu’un va entrer, c’est sûr, qui lui permettra de sortir aussitôt.

Je jette un œil à mon voisinage : une femme de plus de 50 ans, je crois, attend que le petit sorte ; je ne sais pas pourquoi, je la sens aux aguets… Un homme d’une trentaine d’années affiche un regard interrogateur.

 

Il y a une adolescente derrière moi. J’ai le sentiment que chacun attend la faute… Cette mère indigne ne surveille plus son enfant qui est prêt à sortir et à traverser la route, risquant l’accident. Je regarde le petit avec attention, un client entre, la porte s’ouvre, il peut mettre son projet de sortie à exécution. Je m’approche, lui parle, et le ramène près de sa maman.

Nous échangeons un sourire, et pas plus.

 

Mais, dans la file, j’entends des voix qui s’adressent à la mère : « Il a failli sortir… » Des voix chargées de désapprobation. Celle qui se fait entendre le plus, c’est la dame de plus de 50 ans. Très rapidement, je formule un « ce n’est vraiment pas grave du tout » et je me questionne.

Nous sommes quinze dans la file, et, à part deux personnes, tout le monde est prêt à juger cette mère.

 

Sans penser aux conséquences de cette massive désapprobation. Pour elle : cela ne l’a pas aidée, mais lui a probablement fait penser qu’elle avait commis un acte grave mettant en péril la vie de son enfant. La prochaine fois, elle sera probablement plus « sévère » avec lui, et donc les conséquences sur l’enfant seront énormes. Car la rigidité est une forme de violence, qui produit de la violence.

 

Mais d’où vient cette désapprobation ? Cette attitude qui consiste à attendre ce que l’on perçoit comme une faute, et à exprimer un jugement négatif.

Qu’en pensez-vous ? Pour vous-même d’abord ? La désapprobation était-elle présente dans votre vie d’enfant ? La réponse est positive pour la majorité d’entre nous.

Nous avons été fortement désapprouvés. Le plus souvent, du reste, on a guetté nos maladresses, afin de pouvoir exprimer un mécontentement manifeste.

La désapprobation est blessante et très difficile à traquer. Dans notre passé d’enfant, d’abord, et dans notre attitude de parent, ensuite. C’est un problème assez délicat, que nous ne résoudrons pas aujourd’hui. Mais peut-être vais-je vous laisser dans le questionnement, la prise de conscience des manifestations de désapprobation dans votre vie, celles que vous recevez, celle que vous émettez…

Et nous en reparlerons plus tard…

Je vous souhaite une riche exploration de vous-même !

Catherine Dumonteil-Kremer

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