« Je veux », deux mots interdits aux enfants ?

D’aussi loin que je me souvienne le « je veux » a été interdit dans ma bouche d’enfant, il ne faisait pas bon vouloir quoique ce soit et le manifester bruyamment était à proscrire.

Des désirs et des besoins

Et quelle folie quand j’y pense aujourd’hui que d’empêcher un petit être humain de deux ans (par exemple) de vouloir intensément quel que soit l’objet de son désir ou de son besoin. Qu’il ait faim, soif, envie de jouer, de téter, qu’il veuille un jouet, qu’il ait envie de rester dans son bain, ou d’en sortir, tout dans sa vie est prétexte à exprimer sa volonté et de ce fait à vivre des expériences et à tirer des conclusions pour lui-même.

Il se connaît de ce fait de mieux en mieux, sa confiance en lui-même et en son entourage grandit, il sait de mieux en mieux se connecter à lui-même et aux autres. La sécurité qu’il acquiert en étant compris dans ce qu’il exprime même si ce n’est pas toujours réalisable lui permet de grandir sereinement.

Une dévalorisation systématique de la volonté

Mais dans un grand nombre de cas, ses désirs sont qualifiés de « caprices », plus il veut, plus il est dévalorisé dans son expression. Lorsque j’étais enfant à un « je veux » exprimé avec puissance, les adultes rétorquaient « le roi je veux est mort à la guerre, et c’est son fils « je voudrais » qui l’a remplacé » J’étais donc instamment prié de ne pas exprimer et surtout pas avec passion et fougue mes désirs les plus chers, et mes besoins par la même occasion. Plus tard dans ma vie la sentence avait légèrement évolué. Adolescente, j’ai entendu assez souvent le très classique « On ne fait pas toujours ce que l’on veut dans la vie ».

Ces généralités toutes faites sont devenues des croyances. C’est ainsi, notre volonté ne sert pas à grand-chose, à part à faire de nous un égoïste mal vu. Notre vie se déroulera selon un plan précis où les contraintes seront nombreuses et inévitables. Fort heureusement les enfants sont là pour nous réveiller, nous bousculer même pourrait-on dire avec leur farouche détermination.

Subitement si nous nous mettons à l’écoute de ce que nous ressentons lorsqu’un tonitruant « je veux » retentit, nous allons à la rencontre de cet enfant brimé qui vit en nous, dont les besoins et les désirs n’ont pas pu s’exprimer spontanément, qui a du renier une part de lui même. Nous avons alors l’occasion de travailler sur nous, de prendre conscience de la dimension bénéfique du « vouloir » en nous. Puis se posent des questions passionnantes : Qu’est-ce que je veux vraiment ?

Dans les groupes de parents que j’anime, nombreux sont les individus qui ne savent plus ce qu’ils veulent, ils ont l’habitude de faire passer les besoins des autres avant les leurs depuis si longtemps. Ils ne savent plus se mettre à l’écoute d’eux-mêmes. Ils ne savent pas vraiment qui ils sont. Ils ne sont pas aux commandes de leur vie. Aller à la rencontre de soi c’est retrouver d’une certaine manière la passion d’exister et montrer enfin à son enfant qu’il est possible non seulement de savoir mais de faire ce que l’on veut du plus profond de son être.

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Avec plus de 30 ans d’expérience dans le soutien à la parentalité non violente, Catherine Dumonteil Kremer a fondé la Journée de la Non-Violence Éducative (JNVE) en France en 2004. Elle a créé le métier de consultant en parentalité et le programme « Vivre et Grandir Ensemble », premier programme français validé par la recherche.

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