Et si je mangeais mon chat ?
Article publié le 23 novembre 2012
Ben oui, après tout pourquoi pas ? En plus il y en aurait pour plusieurs jours… Si chacun de son côté s’y mettait, ma foi, ça résoudrait les problèmes des restau du coeur. Ou bien alors on pourrait les manger au moment de leur mort, ça ferait énormément de viande tous ces animaux de compagnie morts.
A la limite je pourrai aussi manger Kity, un petit chien avec lequel j’entretiens des relations très conflictuelles… Alors qu’avec Zouzou, il y a une vraie relation profonde et sereine… Enfin, je vais voir, ça se réfléchit quand même ce genre de truc.
Alors enthousiastes ?
C’est marrant je ne vous sens pas vraiment avec moi sur ce coup-là… Je me sentais d’humeur à résoudre le problèmes de la faim dans le monde. C’est une idée qu’utilise avec beaucoup d’humour Jonathan Safran Foer, dans son livre « Faut-il manger les animaux ? ». Eh bien non, nous ne mangerons pas nos animaux de compagnie, pourquoi ? Parce que nous les aimons, parce qu’ils sont intelligents et sensibles, et que nous avons une relation avec eux. Et puis, comme le dit l’anonyme de la citation ce serait de la cruauté.
Vous vous rappelez :
Pourquoi appelle-t-on cruauté le fait de frapper un animal,
agression le fait de frapper un adulte et
éducation le fait de frapper un enfant ?
Pour autant il me semble que je ne suis pas d’accord là dessus, non « on » n’appelle pas cruauté le fait de frapper un animal. On appelle cruauté le fait de frapper un animal de compagnie.
Ce n’est pas exactement la même chose. Un cochon d’élevage est-il moins intelligent que mon chat ? Moins sensible ? qu’en dites-vous ?
Le salon de l’agriculture, le lieu qui entretient nos illusions
Je suppose que le salon de l’agriculture s’est terminé. Je suis un peu en retard. Quand mes filles étaient petites je me disais que ce serait une visite sympa à faire, elles aimant particulièrement les animaux. On aurait vu réunis au même endroit tout un tas d’animaux de la ferme. Je suppose que ce salon a toujours pour fonction de nous réconcilier avec ce que nous mangeons. Les animaux sont élevés dans des fermes, ils batifolent dans les près avant d’être conduits à l’abattoir, triste fin quand même. (C’est peut-être encore le cas dans certaines exploitations en France, mais ce modèle ne suffit pas à répondre à la demande croissante de viande à un coût de plus en plus bas). Mais bon, c’est notre imaginaire collectif à propos de la ferme, c’est « La petite maison dans la prairie » associée aux fermes playmobil que nous offrons à nos bambins.
Une triste réalité
La réalité même si nous souhaitons l’ignorer, certains l’ont dénoncée. Des associations, des réalisateurs, et des auteurs. Des élevages intensifs terriblement cruels, où les animaux vivent une vie de souffrance, où la torture et la violence sévissent au quotidien. Ils sont devenus des objets qui doivent à tout prix grossir vite, et être abattus et vendus rapidement. Je ne vais pas entrer dans les détails mais il y a un phénomène qui m’a interpellé.
Ce que Jonathan Foer appelle : « Notre nouveau sadisme ».
Voilà ce qu’il décrit en page 245 de la version de poche de son livre :
« Dans un élevage porcin de Caroline du Nord, une vidéo tournée secrètement par des enquêteurs a montré des ouvriers qui battaient quotidiennement les animaux, frappaient les truie gestantes à coups de clés à molette, et enfonçaient une tige de fer de trente cms dans le rectum et le vagin des truies.
Ce genre de chose n’a rien à voir avec le soucis d’améliorer le goût de la viande, ou de préparer les porcs à l’abattage, ce n’est que de la perversité.
Dans d’autres scènes tournées sur place, des ouvriers scient les pattes des porcs, et les écorchent alors qu’ils sont encore conscients… »
De la perversité ?
Là, j’ai eu l’impression très nette qu’il manquait un maillon explicatif à la chaîne du mal. C’est encore un tour sanglant que nous joue la violence éducative. Cette violence qui lorsque nous l’avons subie cherche à se rejouer à se reproduire sur les catégories d’êtres sans défense, que sont les enfants, les âgés, les détenus, les animaux.
Il n’y a pas de goût pour le mal chez les humains, ni chez les animaux du reste. C’est notre éducation qui nous déforme et nous coupe de nous mêmes. La meilleure preuve c’est qu’il existe des éleveurs sensibles à cette question, même s’ils sont peu nombreux. C’est peut-être notre travail de les identifier. Foer évoque également tous ces individus qui ne peuvent plus travailler dans les élevages intensifs, totalement déprimés par ce qui est infligé aux animaux.
Une souffrance silencieuse
Une maltraitance qu’on ne voit pas, mais qui nous nourrit. Dans le livre de Foer j’ai trouvé un chiffre incroyable : 50 milliards de poulets sortent tous les ans des élevages pour la plupart intensifs. Une population issue de manipulations génétiques plus ou moins sombres, ébouillantés vivants, malades, on ne les entend pas crier pourtant. Est-ce pour cela que les élevages intensifs sont surveillés, bouclés, pour que l’on ne voit pas l’insoutenable ? C’est sûr c’est plus pratique pour manger des nuggets au Mc do ou son poulet PAC au KFC du coin. Pour ma part je ne peux pas me dire que se nourrir de souffrance est sans conséquence.
Enfants heureux = Animaux respectés
C’est une équation à laquelle vous n’aviez peut-être pas pensé. Mais elle est très intéressante pour nous tous, et fondamentale pour l’avenir de notre planète !
Pour ne pas rester ignorant en la matière :
« Faut-il manger les animaux ? » de Jonathan Safran Foer, chez points en poche. Un livre à acheter à distribuer autour de soi, à faire connaître…
Catherine Dumonteil Kremer
[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]