Les émotions, de la difficulté de les écouter

DIRE BIENVENUE AUX CRISES
« Ça y est, il va faire une crise… Tout le monde va se demander pourquoi je n’interviens pas, pourquoi je suis si laxiste avec lui… Et puis ça me rend dingue qu’il se mette dans des états pareils, il ne pourrait pas me demander calmement les choses ? »

Vous vous reconnaissez dans ce parent démuni face à la énième crise de rage de la semaine ou de la journée ? Cela peut être épuisant, décourageant. Que faire devant ces manifestations d’insatisfaction réitérées ?

De plus, elles peuvent se produire absolument partout : au parc, au supermarché, à la maison pendant un repas de famille…

Tout est possible pour un petit enfant qui n’est pas inhibé par la convention et ses usages et dont le cerveau n’est pas encore suffisamment mature pour différer l’expression de sa colère.

LES ÉMOTIONS, C’EST BON POUR LA SANTÉ !

Revenons tout d’abord sur un préjugé tenace : les émotions sont mauvaises, elles donnent une image très négative de celui qui les exprime, elles sont un signe évident de faiblesse et d’absence totale de maîtrise de soi.

Eh bien non, les émotions sont des alliées précieuses. Janov, entre autres, l’a démontré par son travail de thérapeute : il est bon de les évacuer, elles sont nos ressources naturelles pour guérir les souffrances.

Nos tensions s’évanouissent lorsque nous laissons vivre nos émotions. Et les enfants ne font pas exception à cette règle. L’émotion est une sorte de garde-fou dans un monde parfois hostile aux besoins des tout-petits, qui vivent quelquefois des journées en collectivité à un rythme trépident.

Les tensions s’accumulent alors… Et, en début de soirée, c’est le feu d’artifice émotionnel : ils se roulent par terre, crachent, hurlent, jettent des objets dans toutes les directions, donnent des coups de pied partout et nous ne comprenons pas ce qui nous vaut ce déluge. Mais ils sont simplement en train d’essayer de trouver des solutions en eux.

Et une fois les émotions sorties, ils sont à nouveau les petits êtres aimants, intelligents et coopératifs que nous connaissons.

JE N’ARRIVE PAS À ÉCOUTER MON ENFANT EN CRISE, QUE FAIRE ?

Oui, mais que faire face à une émotion ? Toutes les émotions ne se ressemblent pas. Et, selon notre histoire personnelle, nous aurons plus ou moins de mal à les accepter.

En gros si nos parents nous frappaient ou nous punissaient lorsque nous nous mettions à pleurer, nous allons avoir énormément de mal avec les larmes.

Si la crise de rage était interdite, dévalorisée, si nous étions isolés systématiquement lorsque nous étions en colère, nous aurons beaucoup de difficultés à faire face à la fureur de nos enfants.

Qu’en est-il pour vous ? Comment vos parents réagissaient-ils ?

C’est une des premières questions intéressantes à se poser pour comprendre nos difficultés à écouter les émotions de nos enfants.

En voici une autre : depuis quand ne vous êtes-vous pas laissé aller complètement à pleurer, à sangloter même ? Comment pourriez-vous retrouver le chemin de vos propres émotions ?

C’est quand j’ai fait ma première crise de rage dans un groupe d’écoute des émotions, que j’ai compris de l’intérieur ce que vivaient mes enfants lorsqu’ils étaient dans cet état-là.

C’est en pleurant abondamment moi-même et en en expérimentant les effets bénéfiques que j’ai compris le processus de guérison à l’œuvre en moi et cela a totalement changé ma vision du monde.

L’effet le plus direct de ce travail, c’est que je me sentais à l’aise face aux pleurs, peurs et crise de rage de mes enfants. Je n’avais plus cette colère, ce découragement, cet agacement qui me dérangeait lorsque j’essayais de les écouter.

PRENEZ EN MAIN VOS ÉMOTIONS !

C’est le moment ou jamais, vos enfants vont vous y aider très indirectement, et cela peut vraiment faire évoluer votre façon d’être.

Vous pourriez donc consulter un thérapeute ouvert aux émotions, ou bien travailler au sein d’un groupe d’écoute, et/ou essayer les quelques astuces suivantes :

Hurler dans un coussin

C’est un truc qui a toujours bien fonctionné pour moi.

Le coussin amortit les sons et les pleurs ne sont pas loin derrière la rage.

Faites cela à l’abri des regards, cela pourrait effrayer vos enfants.

Pleurer devant un bon mélodrame

C’est un excellent truc, la prochaine fois que vous aurez envie de pleurer chez vous devant un DVD, sautez à pied joints sur l’occasion, allez-y ! Sanglotez et expérimentez ce que cela peut être de verser des larmes sans se sentir mal à l’aise.

De plus, vous résoudrez quelque chose en vous, même si vous ignorez quoi. Ce film vous fait pleurer parce qu’il fait écho à votre histoire, c’est très complexe de savoir à quoi vous réagissez, mais, ce qui est important, c’est que vous commencez à guérir.

Appelez une amie ou un ami

Choisissez un complice qui sait ce que vous souhaitez faire, qui vous écoutera pleurer ou vous mettre en colère sans vous juger et qui saura accueillir toutes vos émotions.

Ce sont des petits trucs d’urgentiste ! Il y a un travail de fond à faire, c’est certain, mais chacun sent quel est le bon moment pour l’accomplir et, en attendant, vous serez plus détendu et confiant lorsque vous écouterez les émotions de vos enfants.

ET AVEC VOS BAMBINS ?

Vous les aiderez beaucoup en accueillant leurs décharges émotionnelles. Essayez de ne pas interrompre les larmes, mais soyez là, présent par un contact physique, un regard aimant.

Cela suffit parfois pour se sentir bienvenu dans ce que l’on traverse. Pour ce qui est de la crise de rage, c’est un peu la même chose, restez présent et veillez à ce que vos enfants ne se fassent pas mal.

Lorsqu’ils se roulent par terre, en cognant leur tête et leurs poings contre le sol, votre rôle consiste à mettre des coussins pour les protéger des chocs. Restez là, essayez d’être attentif à ce que vous ressentez afin de pouvoir travailler ultérieurement et, peu à peu, vous vous sentirez de mieux en mieux.

Et n’oubliez pas : il y a une manifestation d’émotion très efficace que nous aimons tous beaucoup vivre : le rire ! Il élimine les tensions en nous de façon radicale et, pour celle-ci, il n’y a qu’une option : se faire plaisir dans l’humour, la drôlerie, le chahut !

Catherine Dumonteil-Kremer

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Catherine Dumonteil-Kremer, formatrice en parentalité positive

Avec plus de 30 ans d’expérience dans le soutien à la parentalité non violente, Catherine Dumonteil Kremer a fondé la Journée de la Non-Violence Éducative (JNVE) en France en 2004. Elle a créé le métier de consultant en parentalité et le programme « Vivre et Grandir Ensemble », premier programme français validé par la recherche.

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