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Résultats de l’étude sur Vivre et Grandir Ensemble

Une étude menée par Agata M. Urbanowicz, Rebecca Shankland des universités Grenoble Alpes et Lyon Lumière, a évalué l’efficacité du programme de soutien à la parentalité Vivre et Grandir Ensemble® créé par Catherine Dumonteil-Kremer, l’un des programmes les plus répandus en France et le premier programme français qui a été étudié (The Living and Growing Together program : effects on parental sense of competence and engagement in positive parenting practices, Urbanowicz et al., soumis).

Résumé des résultats

Les résultats quantitatifs ont montré que, par rapport au groupe témoin, les participants au programme Vivre et grandir Ensemble® ont fait état :

  • d’une augmentation du sentiment de compétence parentale après le programme ;
  • d’une amélioration des pratiques parentales positives ;
  • d’une augmentation des niveaux de bien-être, de la bienveillance envers soi-même et du sentiment de cohérence entre les valeurs et les comportements.

 

Les résultats qualitatifs indiquent qu’une majorité de parents ont fait état : 

  • d’une amélioration des capacités ;
  • d’écoute active ; 
  • de l’acceptation et de la compréhension des émotions ;
  • de l’utilisation du jeu pour améliorer la qualité des relations au sein de la famille ;
  • de la recherche de solutions créatives et d’alternatives au contrôle coercitif du comportement des enfants.

Contexte de l'étude

Au total, 100 parents ont répondu à l’étude de manière anonyme aux questionnaires avant et après avoir participé au cycle d’ateliers. Ils étaient engagés sur l’ensemble des huit ateliers. Ce cycle a été concu par Catherine Dumonteil-Kremer et il est animé par des consultants en parentalité formés en PC en 2 ans. Chaque atelier durait 2,5 h et étaient répartis sur plusieurs mois (en moyenne tous les 15 jours).


L’intervention a été dispensée par 15 professionnels du soutien à la parentalité formés qui avaient au moins deux ans d’expérience professionnelle avec le programme. Ils ont suivi une formation de deux ans. Ils continuent également à suivre des sessions de formation continue et sont supervisés. Ces professionnels pouvaient inclure jusqu’à 12 parents dans un groupe, mais le nombre moyen de parents dans un groupe était de 8.


Les questionnaires ont été mis en place entre 2017 et 2021.

Sur quoi repose ce programme

Catherine Dumonteil-Kremer a développé ce programme en se basant sur les longues expériences de soutien à la parentalité sur le terrain, en tant que pionnière de la parentalité positive en France. Son travail de pionnière a permis un meilleur accès aux
connaissances sur les pratiques de parentalité positive (Dumonteil-Kremer, 2003, 2016, 2020).

 

Les ateliers Vivre et grandir ensemble® s’appuient sur ses travaux et sur une approche humaniste rogerienne (Rogers, 2003), et l’acceptation des émotions est encouragée, sur la base des recherches montrant l’utilité d’accepter les émotions plutôt que de chercher à les éviter ou à les combattre (voir les travaux sur la thérapie d’acceptation et d’engagement, Hayes et al., 2011).

De plus, le programme inclut une approche basée sur la psychologie positive afin d’améliorer le bien-être des parents pour favoriser les
relations positives et la résolution créative des problèmes (Fredrickson, 2001). Des outils de communication non violente sont proposés, ainsi que des jeux de rôle afin d’expérimenter ce que l’on ressent dans diverses situations en tant qu’enfant, et ce que l’on ressent en tant que parent, et ce que l’on peut observer lorsqu’on utilise de nouvelles méthodes éducatives.

Le jeu de rôle est aussi un moyen de revivre des souvenirs d’enfance qui peuvent aider les parents à comprendre, entre autres pratiques complémentaires, pourquoi ils agissent ou réagissent comme ils le font avec leurs enfants.
Cet aspect du programme s’appuie sur des recherches montrant la reproduction de la violence au sein des familles d’une génération à l’autre (pour une méta-analyse, voir Assink et al., 2018). Les dimensions psychoéducatives du programme liées à l’éducation et au développement de l’enfant  s’appuient sur les neurosciences cognitives et affectives (voir les rapports 2002 et 2007 de l’OCDE), sur l’écoute active et les compétences de communication positive (Rogers, 2003), sur les recherches en psychologie positive sur les émotions positives (Fredrickson, 2001), sur les connaissances relatives à la reproduction de la violence (Miller, 1983) et sur l’alphabétisation émotionnelle des parents et des enfants (Solter, 1998 ; Wipfler, 2006) ainsi que sur les expériences de terrain de longue date de soutien à la parentalité de Catherine Dumonteil-Kremer. Ces aspects psychoéducatifs ont été  regroupés sous le terme de Parentalité Créative® proposé par Catherine Dumonteil-Kremer.

Thèmes du programme

Chaque atelier aborde un sujet spécifique lié à la parentalité et encourage chaque parent à partager la manière dont il a surmonté les difficultés dans son rôle de parent.

 

Les thèmes abordés au cours de ce cycle d’ateliers de soutien à la parentalité sont les suivants :

  • Atelier 1 : L’écoute et le soutien
  • Atelier 2 : Les besoins physiologiques
  • Atelier 3 : Mettre la joie au centre de la vie familiale
  • Atelier 4 : Accompagner les pleurs et les colères
  • Atelier 5 : Poser des limites respectueuses
  • Atelier 6 : Quand la colère nous emporte
  • Atelier 7 : Comment les enfants apprennent
  • Atelier 8 : renaitre à soi-même en accompagnant son enfant

 

Le soutien à la parentalité est d’autant plus important dans le contexte actuel de changement de paradigme éducatif qui nécessite de la créativité et des compétences innovantes en matière de résolution de problèmes, car les parents eux-mêmes manquent de modèles sur lesquels ils peuvent baser leurs propres pratiques parentales. Les parents ont donc besoin d’un soutien spécifique à la parentalité afin de renforcer leur sentiment de compétence parentale, de développer une attitude d’auto-compassion envers eux-mêmes et de les aider à trouver des moyens innovants et adaptés pour interagir avec leur enfant tout en réduisant la violence éducative ordinaire. 


Lors des ateliers, les parents bénéficient d’un soutien étroit de la part de leurs pairs, acquièrent de nouvelles connaissances et perspectives sur la parentalité, le développement de l’enfant et l’apprentissage, et peuvent expérimenter de nouvelles façons de se comporter avec leur enfant. Ils peuvent également réaliser à quel point la parentalité requiert un équilibre émotionnel afin d’être plus empathiques et de trouver des moyens créatifs de faire face aux situations éducatives. Ils peuvent par exemple prendre conscience du fait que le comportement perturbateur de l’enfant peut n’être que la fin d’une chaîne d’actions et de réactions qui pourraient être évitées en prenant plus tôt en compte les besoins de l’enfant ou en adaptant les exigences aux possibilités de l’enfant, et en étant plus flexible sur ces exigences en fonction de l’âge et du contexte. Les parents peuvent donc accroître leur sentiment de compétence non seulement en réagissant de manière adéquate face aux comportements perturbateurs, mais aussi en réfléchissant au contexte responsable du comportement et en gérant les situations de manière préventive et globale.

Résultats quantitatifs

L’objectif principal de la présente étude était d’évaluer les effets perçus du programme de soutien parental Vivre et Grandir Ensemble® sur le sentiment de compétence des parents et les pratiques parentales positives (c’est-à-dire l’augmentation des comportements empathiques envers l’enfant et la diminution des comportements violents ou abusifs), ainsi que sur le bien-être des parents, la bienveillance envers eux-mêmes et la cohérence entre les valeurs et les comportements parentaux, variables qui peuvent aider à maintenir ces pratiques parentales positives.

Les résultats quantitatifs, mesurés à l’aide de questionnaires anonymes en ligne, indiquent que, par rapport au groupe témoin, les participants au programme Vivre et grandir ensemble® ont montré une augmentation du sentiment de compétence parentale après le programme ainsi qu’une amélioration des pratiques parentales positives.

En outre, ils ont montré des niveaux améliorés de bien-être, de bienveillance envers eux-mêmes, et un sentiment de cohérence entre leurs valeurs et leurs comportements.

Ces variables ont été considérées comme des mécanismes par lesquels les effets du programme de soutien à la parentalité positive pourraient être maintenus après la fin du programme.

Résultats qualitatifs

Perception de l’utilité du programme parmi les participants du groupe d’intervention

 

Compétences en matière d’écoute active

Après le programme, 87 % des parents ont déclaré être plus à même d’écouter leur enfant souvent ou très souvent. Ils ont déclaré que cette capacité leur était utile pour les raisons suivantes (voir Figure 1) : 97,8 % des parents déclarent que cela les aide à être en contact avec les expériences de leur enfant souvent ou très souvent ; 96,6 % des parents déclarent que cela les aide à comprendre les besoins de leur enfant souvent ou très souvent ; 84,4 % des parents déclarent que cela les aide à augmenter leur sentiment de compétence parentale ; 84,4 % des parents déclarent que c’est souvent ou très souvent un moyen utile pour développer un climat familial paisible, et 77,7 % des parents déclarent que c’est souvent ou très souvent un moyen utile pour réduire les tensions de l’enfant.

Capacité à accepter et à réguler les émotions

Après le programme, 85 % des parents ont déclaré prêter attention aux émotions de leur enfant de manière ouverte et sans jugement souvent ou très souvent. La majorité des parents (72,7 %) ont également déclaré être plus à même d’identifier leurs propres émotions difficiles, comme la colère, et d’utiliser les techniques spécifiques qu’ils avaient apprises pendant le programme pour gérer leur propre colère. Ils ont principalement déclaré utiliser des techniques de respiration et faire une pause loin de l’enfant jusqu’à ce que l’intensité de l’émotion soit moindre et qu’ils soient capables de s’engager à nouveau dans des interactions positives avec leur enfant (voir figure 2). 

Utilisation du jeu dans les relations parents-enfants

Après le programme, 42,2 % des parents déclarent utiliser le jeu pour améliorer la qualité des relations au sein de la famille. Avec leur enfant, ils utilisent souvent ou très souvent diverses formes de jeu, allant des jeux relationnels (46,7 % des parents) à des jeux plus structurés (44,5 % des parents) (voir figure 3).

Solutions créatives et alternatives au contrôle coercitif du comportement de l’enfant 

À la fin du programme, 62,3 % des parents ont déclaré avoir trouvé des solutions créatives et des alternatives au contrôle coercitif du comportement de l’enfant souvent ou très souvent pour les comportements qu’ils considèrent comme problématiques ou inadaptés. En outre, les parents déclarent utiliser une variété d’alternatives au contrôle coercitif du comportement de l’enfant et aux punitions (voir figure 4). Premièrement, 97,8 % des parents déclarent être en mesure de prêter attention à leur enfant souvent ou très souvent. Deuxièmement, 80 % des parents déclarent être capables de dire non sans utiliser de moyens coercitifs et tout en étant capables d’accueillir les émotions de l’enfant en réponse à la fixation de limites souvent ou très souvent. Troisièmement, 71,1 % des parents déclarent être capables de prendre en compte les besoins de l’enfant souvent ou très souvent. Quatrièmement, 57,8 % déclarent être capables d’être souvent ou très souvent flexibles dans leurs exigences envers l’enfant. Cinquièmement, 52,2 % déclarent être en mesure de prévenir les comportements problématiques de l’enfant en anticipant mieux ses besoins et la manière dont il pourra y répondre dans une situation donnée. 

 

Prise de conscience du rôle des parents pour la société 

Après la fin du programme, 75,6 % des parents déclarent être plus conscients de l’impact de leur rôle dans la société.

 

En ce qui concerne les résultats qualitatifs sur les avantages perçus du programme pour le développement de compétences parentales positives clés, une majorité de parents ont déclaré avoir identifié des avantages en termes de développement de capacités d’écoute active, d’acceptation et de compréhension des émotions, d’utilisation du jeu pour améliorer la qualité des relations au sein de la famille, ainsi que de recherche de solutions créatives et d’alternatives au contrôle coercitif du comportement des enfants. 

Ces résultats sont en accord avec les données quantitatives montrant une augmentation des pratiques parentales positives. 

En effet, le fait d’être plus attentif aux besoins et aux expériences de l’enfant peut aider à mieux répondre à ces besoins et à adapter les demandes à la situation actuelle de manière flexible. Cela peut aider à réduire les comportements problématiques qui, à leur tour, réduisent la tendance à utiliser un contrôle coercitif du comportement de l’enfant.

Cette étude a été la première à évaluer l’un des programmes de soutien à la parentalité les plus répandus en France et a souligné de nombreux bénéfices autodéclarés qui peuvent conduire à des changements utiles dans les pratiques parentales en France, un pays où la violence éducative ordinaire est longtemps restée impunie (jusqu’en 2019), et répandue (il y a seulement vingt ans, 84 % des parents utilisaient encore la violence contre les enfants, et 51 % le faisaient régulièrement ; SOFRES, 1999, in Maurel, 2015).

 

Cela ouvre des perspectives d’avenir utiles pour des changements sociétaux concernant les pratiques parentales dans ce pays. 


Cette étude montre que le cycle d’ateliers VGE répond à l’objectif principal du soutien à la parentalité encouragé par le Conseil Européen, d’augmenter les relations positives au sein des familles et de réduire la violence envers les enfants et contribue ainsi à un attachement sécurisé et un développement positif de l’enfant.

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