Un conte en préface de mon livre « La famille s’agrandit »
Tout a commencé dans l’île bleue où le couple royal vivait en paix et régnait tranquillement sur un peuple terrestre et marin. Ils s’aimaient tant et tant qu’ils finirent par donner naissance à un premier bébé, une petite fille qu’ils nommèrent Andréa.
La petite Andréa était aimée, choyée, elle recevait toute la tendresse dont ses parents étaient capables, ils étaient vraiment très heureux. Quand soudain, alors qu’ils menaient une vie pleine de joie, un deuxième bébé commença à grandir dans la poche à bébé de la reine appelée utérus. Après la joie des premiers instants de l’annonce, une inquiétude commença à grandir en Andréa. Un nuage noir se forma au-dessus de sa tête, et comme elle ne disait rien. Le nuage envahit peu à peu tout l’espace du château, et la reine et le roi eurent pour la première fois le cœur serré. Ce nuage se déplaça et contamina l’ensemble de l’île, les habitants devinrent de plus en plus anxieux et le soleil prit la décision de ne plus briller au-dessus de l’île bleue. Le couple royal ne se parlait presque plus, l’inquiétude à propos de leur petite fille devenait de plus en plus importante…
Un soir, alors qu’Andréa allait se coucher, elle éclata en sanglots, une sorcière apparut alors, c’était la sorcière qui ressent, celle qui sait décoder, comprendre ce que les autres éprouvent. « Ce sont tes larmes qui m’ont appelé, comme on appelle la guérison. Écoute bien mon message lui dit-elle, tu as peur de ne plus être aimée par tes parents, tu te demandes comment cela se passera quand le deuxième sera là alors que pour le moment toute leur attention se concentre sur toi. » Voici ce que tu devras faire : « Exprime ton chagrin, ta colère, et ta peur quand elles sont là, tes parents les accueilleront parce qu’ils t’aiment quelles que soient les émotions qui te traversent, et tu verras alors un miracle s’accomplir » « Exprimer mon chagrin et ma colère, ma peur aussi ? » Elle s’assit au bord de son lit, et se mit à regarder tout ce qui se passait à l’intérieur d’elle. Tout à coup tous les nuages noirs dispersés un peu partout sur l’île vinrent tout autour d’elle et en elle. Brrrr cela la fit trembler très fort, oui elle avait peur que le bébé prenne sa place, les tremblements étaient le signal du départ de la peur, les tremblements après avoir redoublé de puissance, s’atténuèrent peu à peu. Puis ce furent les larmes, elle pleurait sur ce besoin d’amour qu’elle pensait ne pas arriver à combler, ses parents l’aimeraient-ils toujours ? Elle pleura tant et tant que ses larmes formèrent un large fleuve qui nettoya tout le chagrin qu’elle avait semé en n’exprimant pas ce qu’elle ressentait.
Quand elle ouvrit les yeux ses parents étaient là, ils avaient accueilli sa colère, sa crainte, son chagrin, et ils lui souriaient. Ils l’aimeraient donc quoiqu’il se passe, c’était donc ça le miracle dont la sorcière parlait : ses parents étaient dotés d’un grand cœur qui ne craignait pas les épreuves. Bien au contraire cela le faisait grandir ! Les nuages se dissipèrent, le soleil réchauffa à nouveau l’île bleue et ses habitants. Andréa jouait à nouveau avec enthousiasme, tout en elle exprimait ceci : Quand j’exprime mes émotions je redeviens moi-même : joyeuse, aimante, coopérative. Mes parents sont là pour les accueillir, et ils m’aimeront toujours !
Catherine Dumonteil Kremer
