Quand les règles ne sont pas les mêmes : petit mémo à l’usage des parents et des grands-parents
Des limites différentes
Le problème des règles de vie différentes entre parents et grands-parents peut rapidement devenir épineux et plonger les familles au sein de querelles qui blessent généralement les enfants et les adultes. Y a-t-il des moyens de sortir de ces conflits familiaux ?
La première étape est de développer son empathie pour soi. Décidez de ce qui est vraiment important. Après avoir développé une écoute de soi, on peut essayer de se mettre à la place de l’autre. Vous verrez peut-être que le fait de devenir grand-parent est bouleversant à plus d’un titre. C’est un peu comme faire le deuil de son rôle de parent : rien ne prépare une personne à voir son enfant s’occuper d’un bébé. Cela peut être un ravissement teinté de tristesse. Il peut y avoir des périodes de flottement, lorsque les grands-parents n’ont pas encore endossé et accepté pleinement ce rôle qui les met, parfois très brutalement, face à une autre période de leur vie : la vieillesse.
Une étape de transition
Ce chamboulement émotionnel peut être vécu de façon très anarchique. Il y a des hauts et des bas, c’est un moment de transition qui demande des ajustements. Les jeunes parents, de leurs côtés, vivent une expérience unique. Accompagner des enfants demande énormément d’énergie, ils sont très souvent épuisés par la tâche. En même temps, ils se posent énormément de questions. Eux aussi ont besoin de s’approprier cette étape de leur vie. Sont-ils de « bons » parents ? Leurs enfants les aiment-ils ? Sont-ils capables de combler leurs besoins ? Ils se sentent quelquefois menacés lorsqu’une relation chaleureuse se crée entre leurs enfants et d’autres adultes, dont font partie les grands-parents. Ils peuvent aussi être peinés lorsqu’ils voient tout l’amour que leurs parents éprouvent pour leurs enfants : peut-être auraient-ils aimé en recevoir autant lorsqu’ils étaient eux-mêmes enfants.
Pour les grands-parents, la croissance continue, et leurs petits-enfants les aident à grandir, à comprendre ce qui fait l’essence d’un être humain. Il arrive aussi parfois que l’expérience des grands-parents les aide à relativiser : après tout, est-ce si grave si leurs petits-enfants ne mangent pas à table, si certaines règles fixées sont régulièrement enfreintes ? Les grands-parents peuvent devenir plus aimants et plus sages… Sagesse dont bénéficient leurs petits enfants ! Ce petit paragraphe est bien loin de traduire la complexité des sentiments de la famille élargie, mais c’est un début de piste qui ne demande qu’à être complété.
Ce que l'on peut faire
« Quand je vois mes enfants s’occuper de leurs propres enfants, c’est une découverte, je me dis que j’aurais aimé être aussi proche d’eux, je crois qu’il leur a manqué quelque chose. Nous en parlons sans animosité, j’apprends beaucoup des parents qu’ils sont devenus », raconte Patricia avec beaucoup de sagesse.
Lorsqu’ils accompagnent leurs enfants, les parents voient fréquemment remonter à la surface leur histoire d’enfant avec toutes les blessures qu’ils ont pu vivre. Ils auront peut-être besoin de faire le point sur leur vie d’enfant avec leurs ascendants. Patricia ajoute : « Le plus beau cadeau que m’ait fait ma mère, c’est d’écouter tous les reproches que j’avais à lui faire sans se défendre. J’ai pu lui dire tout ce que j’avais sur le cœur. » Cela viendra peu à peu lorsque vous vous en sentirez capable, mais vous vivrez alors bien plus légèrement vos relations !
Les grands-parents ont peut-être hâte de partager leur expérience de parent avec leurs enfants. Quand ils observent que les choix de ces derniers sont radicalement opposés aux leurs, ils peuvent être assaillis par une culpabilité intense, sans pour autant l’exprimer. Ont-ils été de « mauvais » parents ? Probablement pas, ils n’avaient pas toutes les informations dont bénéficient aujourd’hui les familles. L’accompagnement des enfants évolue.
Les grands-parents peuvent transmettre leur histoire. Leur vécu d’enfant, le contexte social au sein duquel ils se sont développés. Mais aussi leur histoire de parent, les habitudes et pratiques de leur époque. Ce sont souvent des éléments importants sur lesquels travailler en thérapie. Les grands-parents détiennent une partie de l’histoire familiale et sont souvent très heureux de la transmettre.
Quelques pistes
- Si vous êtes grands-parents : ne donnez pas à vos enfants de conseils sur l’éducation, évitez de les critiquer, laissez-les vivre cette expérience merveilleuse du parentage en restant toutefois disponible pour les aider en cas de besoin, les écouter s’ils le demandent… N’oubliez pas : vos petits-enfants ne sont pas vos enfants !
- La parentalité est un processus, la grand-parentalité aussi. Laisser le temps à chacun d’apprivoiser son rôle, comprendre que cet apprentissage prend du temps, qu’il y a des erreurs tout à fait normales dans cette adaptation, est une position pleine de sagesse.
- Établissez clairement les règles de vos maisons respectives. Si vous êtes parents, tenez compte des limites imposées par vos parents chez eux, mais informez-les de ce qui est vraiment important pour vous dans la relation avec les enfants (pas de fessées, par exemple).
- Parents, soyez souples, les grands-parents n’ont pas à faire comme vous dans les moindres détails. Ils ont leur propre façon d’être. Essayez de cerner ce qui est fondamental pour votre famille.
- En cas de doute, agissez autant que possible dans l’intérêt de vos enfants et petits-enfants.
