Image Alt

Parentalité Créative

L’indifférence peut-elle être bienveillante ?

Avec les injonctions répétitives du conseil de l’Europe à la France concernant une interdiction claire de la fessée dans sa législation, de plus en plus d’ouvrages sur une éducation sans fessées et même sans cris ni punitions sont publiés. Pourtant, l’oppression et le manque de respect de ce qu’est un enfant y sont souvent manifestes.

 

Ces ouvrages prônent des méthodes très différentes les unes des autres. En voici une qui se prétend non-violente et qui pourtant fait perdre toute dignité à l’enfant qui la subit : il s’agit de l’usage de la privation d’attention et d’amour à l’enfant quand il fait une demande insistante, ou s’il a un comportement qui gêne ses parents.

À un enfant qui demande de façon répétée à son père de jouer à un jeu vidéo, par exemple, ce dernier devra opposer un silence pesant, jusqu’à ce que, n’en pouvant plus, l’enfant se mette à pleurer. Le parent gardera le silence et attendra tranquillement que, désespéré et repentant, l’enfant vienne quémander l’attention qu’il avait perdue, en lui offrant un dessin par exemple. C’est ainsi que le problème sera réglé en une seule fois.

 

J’ai personnellement mis au point une méthode très simple et imparable qui me permet de savoir si ce que je lis dans ces livres est respectueux des enfants ou pas. Je me pose deux questions : Est-ce que j’aimerais que l’on m’applique un tel traitement ? Cela me ferait-il avancer ? C’est avec ces questions fort simples que je m’en suis sortie pour accompagner trois enfants et quatre beaux-enfants qui sont maintenant adultes, avant que les neurosciences ne s’en mêlent et ne démontrent clairement que ce qui fait souffrir l’enfant bloque ses apprentissages, et s’avère même destructeur pour son cerveau (bien entendu, chers lecteurs, j’exagère : il existait quand même déjà quelques études et observations sur le sujet !).

 

Cette idée de priver l’enfant d’attention me rappelle un peu la méthode Ferber, où, au moment du coucher, on laisse son bébé pleurer seul un moment, en augmentant progressivement la durée de ces séances de pleurs pour lui ôter tout espoir qu’un parent vienne. Ces méthodes enseignent une chose aux enfants, c’est qu’ils ne sont pas en sécurité avec les adultes qui les accompagnent. Demander ne sert à rien, leurs besoins et désirs seront méprisés par l’adulte, quand bien même, au départ, celui-ci doit résister à l’envie de répondre à son enfant. Car les parents aiment leurs petits et n’ont pas envie de leur faire subir de telles avanies. Mais, étant très vulnérables aux conseils des « spécialistes », ils apprennent eux aussi à ignorer les messages de bon sens que tout leur être leur envoie avec insistance. Du reste, les auteurs ont prévu ce genre de situation et supplient presque à genoux les parents de se prémunir contre toute forme d’attendrissement.

 

Je signale à toutes fins utiles que de nombreuses études démontrent que la privation d’attention est totalement inefficace, et conduit l’enfant à un comportement parfois agressif, souvent incivique. La quasi-totalité du livre Aimer nos enfants inconditionnellement [1] est consacrée aux conséquences néfastes de ce genre de méthode, et j’en profite pour signaler que le livre de Catherine Gueguen, Pour une enfance heureuse : repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, est sorti en poche [2].

Quand un enfant nous fait une demande, il s’attend à être écouté avec beaucoup d’attention, et si nous sommes en désaccord, il existe des manières de gérer la situation en fonction de la demande. Vouloir jeter un bol en grès sur les passants depuis le septième étage n’est pas la même chose que demander à jouer à son jeu vidéo préféré. Dans le second cas, nous pouvons toujours négocier ou lâcher prise et travailler un peu sur nous. La première situation, elle, nécessite une action rapide de notre part si l’on souhaite éviter des problèmes avec la justice !

Un peu d’humour ne nuit pas, et je finirai sur cette invitation : chers lecteurs, cultivez votre bon sens, il est indispensable quand on accompagne de petits êtres humains.

 

Catherine DUMONTEIL-KREMER

 

Interview dans PEPS n° 7 : Les punitions ont-elles un effet sur le cerveau ?

 

Nouvel utilisateur

Reset Password