L’enfant intérieur des parents pendant la rentrée
Vous savez quoi ? J’ai inventé une paire de lunettes qui permet de voir l’enfant intérieur d’un individu. Oui oui, il suffit de les porter et… on peut voir de ses yeux les réactions de ce petit qui a été parfois très blessé dans certaines circonstances du passé.
Le jour de la rentrée, j’ai décidé de me poster devant une école maternelle munie de mes lunettes, bien décidée à vous rapporter les résultats de mon expérience.
J’ai failli me noyer dans un bain de larmes… Les enfants pleuraient beaucoup, et les enfants intérieurs des parents pleuraient encore plus ! Certains avaient très peur et tremblaient… Certains enfants intérieurs des enseignants semblaient dans le même état, avec plus de peur que de tristesse parfois. Tous ces adultes avaient pourtant le sourire aux lèvres.
Avez-vous été scolarisé·e ?
Si oui, l’entrée à l’école de votre enfant va certainement vous apporter des opportunités de travailler sur vous. S’il était possible de faire ce travail-là avant que nos enfants soient concernés par ce sujet, ce serait certainement très utile de s’y engager. Oui, mais… le plus souvent, notre histoire d’enfant se réveille peu à peu.
Au fur et à mesure que notre enfant grandit, nous grandissons aussi. Et le voilà prêt à entrer à l’école, un univers étranger où parfois il souhaite aller pour jouer avec d’autres, sans forcément comprendre qu’il va y retourner chaque jour de sa vie pendant presque deux décennies.
Quand mon premier enfant a été scolarisé, j’ai été surprise de constater que mon enfant intérieur, celui qui avait vécu la même expérience, se réveillait. Toutes les émotions que j’avais traversées enfant revenaient à la surface. Je me sentais inquiète et triste à l’idée de laisser ma fille à l’école, même si je n’en montrais rien.
Son comportement a beaucoup changé, elle qui était si joyeuse et placide est devenue irascible et pleine de colère. La première semaine avait été une rude épreuve, elle exprimait les émotions contenues à l’école une fois passé le seuil de la porte de notre appartement. Et je ne comprenais pas toujours son désarroi.
J’étais bien décidée à essayer de l’aider et à communiquer avec les enseignantes. Je réunissais pour cela tout mon courage, car face à l’institution scolaire je me sentais une enfant impuissante et craintive. J’avais peur de cet adulte qui avait eu autorité sur moi pendant tellement d’années…
En plus, à cette époque-là, j’étais enseignante, et je suppose que c’était moi qui faisais peur aux parents. Ils venaient vers moi avec les meilleures intentions, et recevaient parfois de très mauvaises nouvelles sur leurs enfants. J’avais 25 ans et je me rapprochais de la non-violence, mais je n’avais pas encore réfléchi à mon cadre de travail. Malgré les réformes mises en place par les gouvernements successifs qui tentent d’intégrer les parents à l’accompagnement des enfants à l’école, il y a encore beaucoup de travail à faire pour comprendre ces émotions que nous vivons à peu près tous, et qui nous rendent quelquefois inaptes à communiquer efficacement avec cette institution scolaire qui a besoin de nous.
Afin de faire émerger leur potentiel, nos enfants ont besoin d’une coopération entre parents et enseignants. Et nous ne devons pas oublier notre histoire d’enfant scolarisé, elle est pour beaucoup dans les émotions difficiles que nous vivons face à l’institution scolaire.
Alors oui, c’est vrai, les lunettes dont je vous parle, je ne les ai pas encore inventées. Pourtant j’ai appris à les porter, je ne me fie pas aux apparences et je sais que derrière certains comportements il y a une blessure en action. Je vous invite à les porter, ces lunettes virtuelles, elles augmenteront votre compréhension et votre désir de soutenir chaque individu constituant la communauté éducative de l’établissement scolaire de votre enfant… Vous me raconterez ?
Introduction du dossier « ressources pour la rentrée » de Peps magazine n°38
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