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Parentalité Créative

Désamorcer le critique intérieur pour laisser le champ libre à sa créativité

Nous avons tous au fond de nous notre artiste intérieur qui ne demande qu’à s’exprimer. Chaque fois que la spontanéité, l’inventivité, l’empathie sont à l’oeuvre, c’est notre enfant intérieur, ou notre artiste intérieur (c’est le même !), qui pointe son nez. Nous avons tous aussi notre critique intérieur, celui qui aime la ,« normalité » et qui va museler notre côté fantasque, enfantin.

 

Ce critique intérieur nous est utile, ou nous l’a été, pour nous adapter à ce que demandait la société : être raisonnable, responsable, « normal ». Mais chez moi il a pris trop de place et ne laisse pas assez de champ libre à l’artiste intérieur,,porteur de joie de vivre, qui réclame un peu d’attention, lui aussi.

 

Brigitte Barberane est peintre, elle a choisi de développer l’aspect intuitif et symbolique, dans sa peinture. Elle a beaucoup étudié le phénomène de la créativité, ce qui l’a amenée à proposer des stages ou des accompagnements aux personnes qui le souhaitent.

 

Les stages « Aller à la rencontre de son artiste intérieur » ont été pour moi une expérience inoubliable, l’occasion de dire au critique intérieur : « C’est bon, toi, ça va, je t’ai assez vu. » et de laisser parler l’enfant intérieur qui ne demande que ça , avoir un peu la parole lui aussi. Portés par le groupe (de six personnes maximum), par ces quelques jours hors du temps que je me suis offerts et par la personnalité chaleureuse, la simplicité, l’empathie de Brigitte, nous voilà embarqués dans cette aventure, mon enfant intérieur et moi. Il y a eu des pleurs, il y a eu des rires, il y a eu des surprises. Entre autres celle de voir que chacun de nous, même ceux qui partent avec l’idée qu’ « ils ne savent pas dessiner », produit des merveilles.

 

J’ai choisi de vous faire partager trois exercices que j’y ai fait. Le premier est un exercice plutôt pictural, le deuxième un exercice d’écriture et le troisième un mélange des deux.

 

A l’assaut des « phrases assassines »

Nous avons dessiné la silhouette d’un visage de façon simple, stylisée. C’est une représentation de nous-même. Autour de ce visage, en étoile, nous avons noté les « phrases assassines », ce genre de phrases que l’on n’entend que trop depuis l’enfance, et auxquelles nous avons fini par croire. Ces phrases dont le critique intérieur se délecte, par exemple : « Dans ma famille on n’est pas doués en dessin. » ou « Qu’est-ce que tu es nulle ! » Les exemples ne manquent pas, et chacun a les siens. Nous avons cherché ensuite les « antidotes » de ces phrases . Par exemple l’antidote de « Je n’ai pas eu de chance. » peut être « J’ai fait beaucoup d’expériences de toutes sortes. » ; celui de « Je suis inefficace. » peut être « Je prends conscience de ma valeur. ». Nous avons habilement scotché d’un seul côté des bandes de papier sur lesquelles nous avions écrit les antidotes, de façon à recouvrir les phrases assassines mais à garder la possibilité de les lire (voir photo). Puis nous avons donné de la couleur à toutes ces phrases à l’aide de pastels secs. J’ai adoré découvrir la joie de « patouiller » avec les pastels secs dans les stages qu’anime Brigitte.

 

Dans la peau de l’autre

Il s’agit de choisir une personne avec qui l’on est d’une façon ou d’une autre en difficulté, et d’écrire son histoire en adoptant son point de vue, et en utilisant « je ». « Mettre les lunettes » d’une personne avec qui l’on n’est pas d’accord, prendre le temps de voir les choses à travers ses yeux.. Et ensuite, nous avons lu cette histoire aux autres. Si vous êtes quelqu’un qui n’arrive pas à pleurer, je vous recommande cet exercice. Le mouchoir deviendra pour vous un outil indispensable !

J’ai refait cet exercice en dehors des stages, sans lire l’histoire à quelqu’un d’autre. Cette lecture, bien sûr, lui donne encore plus de force, mais même sans, il lui en reste beaucoup.

 

Tirer parti de ses échecs

D’abord, vous racontez par écrit un échec, une épreuve ou une situation qui vous a posé problème. Dans un deuxième temps, vous écrivez ce que cet échec vous apporté, vous a appris. Ensuite, vous entourez les mots clés. Puis vous faites avec ces mots clés un poème en deux paragraphes, l’un correspondant à la première partie, l’autre à la deuxième. Enfin, vous illustrez ce poème de la façon qui vous convient : collage, dessin, pastels…

J’aime beaucoup, dans cet exercice, l’idée que les échecs sont tous des apprentissages, qu’ils sont formateurs. Et il est plus intéressant de faire quelque chose de beau avec une difficulté que de la ruminer (chose que j’ai tendance à faire si je n’y prends pas garde).

 

Je pourrais vous raconter beaucoup d’autres exercices encore, passionnants, bouleversants. Les trois que j’ai choisis ont l’avantage de pouvoir se faire seuls, bien que ce soit plus porteur en groupe. Il y a des exercices que je ne pourrais pas vous raconter parce que l’effet de surprise en fait partie intégrante. Pour d’autres, la présence du groupe est indispensable (le mime par exemple, ou les créations à plusieurs). Nous avons aussi créé un vision board, dont Nathanaëlle Bouhier-Charles vous a déjà parlé dans le premier numéro de PEPS.

Chaque fois que je suis repartie de chez Brigitte, j’ai senti que, l’air de rien, des zones inaccessibles avaient été bouleversées en moi, comme des sortes de « réorganisations profondes subtiles ». Je me suis sentie « brassée », j’y ai gagné en légèreté, en joie, sans pouvoir exactement définir ce qui se passait. Bien sûr, quand on est seul chez soi, dans le tohu-bohu du quotidien, ces exercices peuvent être plus difficiles à réaliser. L’avantage du stage, outre l’effet de groupe, c’est qu’on se donne vraiment ces quelques jours pour ça. Mais pourquoi ne pas se retrouver à plusieurs une fois par semaine ou par quinzaine pour être sûrs d’y consacrer le temps nécessaire ? Qu’en dites-vous ? On y va ?

 

Hélène ROBERT-BUIRA

 

[1] Inspiré d’un exercice du Journal créatif d’Anne-Marie Jobin, Éditions du Roseau (2002)

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