8 idées pratiques et un jeu pour faire évoluer la relation frères sœurs
Même si les querelles entre mes enfants se sont avérées aussi nombreuses qu’épuisantes, je n’ai jamais rêvé d’être le parent d’un enfant unique. Pourtant, cela m’aurait évité bien des disputes !
Pour savoir qui occuperait la place à côté de moi à table, sans parler de l’installation potentielle sur mes genoux ou dans le lit familial, pour être assis à l’avant dans la voiture en dépit de mes vaines tentatives d’organisation, et j’en passe… Une liste exhaustive serait longue et peut-être un peu décourageante. Tout était sujet à dispute ou à discussion, on aurait même pu créer un mot spécial pour l’occasion : « dispussion » !
J’ai fini par penser que la famille était un peu le royaume de la confrontation, et avant d’y trouver des avantages, j’y ai vu de nombreux inconvénients car j’ignorais les bases de la gestion de conflits. Évidemment, ces bases sont des clés, mais elles ne résolvent pas tous les problèmes, à quoi nous resterait-il à réfléchir sinon ?
Le rôle de parent, me semble-t-il, consiste à se poser des questions et à trouver de temps à autre une réponse adéquate. Nous la voyons comme un petit miracle jusqu’à ce que nous nous rendions compte qu’il y avait une date de péremption sur l’emballage et que notre réponse « magique » n’a finalement été efficace qu’une petite semaine. Le problème est à nouveau là, mais il va évoluer avec le temps et la bonne volonté que nous mettrons à tenter de le résoudre.
Pour en revenir aux bases, mon expérience me pousse à penser qu’elles sont des piliers qui permettent des relations « suffisamment bonnes » entre les enfants – des relations d’amour que je qualifierais de normales, dans la mesure où ce sentiment ne s’exprime pas en permanence, mais seulement de temps à autre. Les désaccords sont nombreux et pendant la durée de ces derniers, on peut tout à fait ne plus s’aimer. Et ce qui est intéressant, c’est de constater que l’amour revient dans la fratrie et ce d’autant plus que les enfants ne se sentent pas contraints d’aimer qui que ce soit dans la famille. Voici quelques-unes de ces bases.
Tous les sentiments sont acceptables
« Je le déteste ! » C’est peut-être ce que vous avez entendu sortir de la bouche d’un aîné à propos du cadet. Avec toute votre bonne foi vous avez répondu : « Mais si, tu l’aimes, tu dis ça mais je sais que tu l’aimes. » Un peu comme si vous vouliez conjurer le sort, vous prenez la fuite face à cet inacceptable sentiment. L’aîné, de son côté, risque alors de tout faire pour que son malaise soit entendu.
Et si vous l’écoutiez plutôt ? Si le message devenait : « Tu aurais préféré avoir tes parents pour toi tout seul ? » L’arrivée d’un deuxième enfant place le premier dans une situation très difficile, il y perd une grande partie de l’attention de ses parents parfois monopolisée par le second, plus jeune et plus dépendant. Écouter les sentiments de l’aîné va aider celui-ci à s’adapter progressivement à cette situation nouvelle.
La violence éducative ordinaire se reproduit dans la fratrie
La violence éducative contamine la fratrie : un aîné qui subit de la violence la fait subir au cadet, qui la répercute sur le benjamin et ainsi de suite. Se reproduisent également nos façons de parler, de crier, notre froideur, notre absence de compréhension dans certaines situations. Nos enfants s’inspirent de ce que nous faisons et disons, que cela s’adresse à eux ou à d’autres membres de notre sphère relationnelle.
Les disputes avec votre intervention
Vos enfants sont en pleine querelle, ils vous appellent pour être le témoin de leurs mésaventures. Prendre parti à ce moment-là est le plus sûr moyen de creuser un abîme relationnel entre eux. Ce dont ils ont besoin, c’est d’un
consultant, pas d’un expert. Les écouter à tour de rôle est un premier pas vers la recherche d’une éventuelle solution.
Accueillir un conflit de cette façon exige beaucoup de temps et d’énergie. C’est un processus qui demande aux enfants de se mettre à l’écoute de l’autre sans l’interrompre, autant dire un tour de force. Sur le grand nombre de querelles qui surviennent dans une soirée, essayez d’en accompagner une de cette manière de temps à autre. Peu à peu, vos enfants s’empareront du processus et géreront leurs difficultés relationnelles sans avoir besoin de votre médiation.
Sans intervention
Laisser les enfants se confronter, c’est aussi leur permettre d’accumuler de l’expérience sur les conflits. Exprimer sa colère, son dépit, sa tristesse est une option qui peut aider l’enfant à explorer ce qu’est un conflit sans qu’un adulte veuille pour autant y mettre son grain de sel.
Restez vigilant pour pouvoir intervenir si vous pensez que la dispute va trop loin. Deux enfants qui ont une différence de force physique importante risquent de se blesser. Il arrive parfois qu’un enfant soit systématiquement victime de ses frères et sœurs, là encore il nous appartient d’être attentifs et d’intervenir si le besoin s’en fait sentir. Parfois, les enfants n’ont pas envie de trouver une solution, les parents peuvent alors essayer de lâcher prise et continuer à donner attention et soutien sans essayer de contraindre leurs enfants à gérer leur conflit.
C'est souvent l'agresseur qui souffre le plus
Cela peut vous surprendre, mais le petit agresseur dans un conflit souffre énormément, et le punir ou le gronder ne fera qu’augmenter son sentiment d’injustice et de souffrance. Lors d’un conflit « armé » entre nos enfants, il est nécessaire de protéger le plus jeune, d’écouter son ressenti, et aussi de donner de l’attention chaleureuse à l’aîné. Comme je l’ai mentionné plus haut, ce dernier peut être très malheureux d’avoir perdu une partie de l’attention de ses parents. Il a besoin de temps de jeu en tête-à-tête, de moments de discussion, d’activités avec eux. Il a également besoin d’être à nouveau désiré et admiré par eux. Alors, après avoir émis notre désaccord envers l’agression, on peut tout à fait demander à avoir une conversation avec lui et essayer de réfléchir à des moyens adaptés de lui donner plus de temps.
"C'est mon tour"
Il n’y a qu’un seul vélo chez vous pour deux enfants, ou un seul ordinateur et deux amateurs de jeux vidéo ? Là encore, il y a certainement plusieurs méthodes pour éviter des conflits récurrents. En voici deux :
La première consiste à partager le temps d’usage de l’objet en deux parties égales en utilisant un minuteur. Elle est simple et rassurante pour les deux enfants une fois qu’ils en ont compris le principe.
La seconde permet à l’utilisateur du jeu de jouer jusqu’à ce qu’il ait fini. Elle présente une certaine insécurité pour celui qui attend, c’est la raison pour laquelle il est important qu’il n’attende pas seul mais avec vous. Il sera écouté dans sa déception, sa crainte de ne pas pouvoir jouer, sa tristesse, et se sentira aimé même s’il n’a pas utilisé tout de suite le jeu convoité. Cette manière de faire demande plus d’énergie au parent mais elle apporte aussi bien plus de réassurance et d’attention à l’enfant, et a tendance à résoudre en profondeur les situations de ce genre, puisque l’enfant, en exprimant ses émotions en présence d’une personne aimante, récupère ses capacités tout en relâchant les tensions qui l’envahissaient.
Votre enfant est unique
Et il a besoin d’être reconnu dans ce qui lui est personnel. Enfants, nous avons parfois été comparés à nos frères et sœurs : « Toi, tu as toujours eu besoin de travailler beaucoup, alors que pour ton frère tout est facile, il est doué. », ou étiquetés : « Jules, c’est le sportif de la famille ! » Or, la comparaison s’avère néfaste. Elle met les enfants en compétition pour l’attention de leurs parents, elle les pousse à s’éloigner de ce qu’ils sont vraiment pour obtenir leur approbation et leur amour. Quels que soient leur façon d’être et leurs choix, vos enfants ont besoin de votre confiance et de votre soutien pour grandir.
Les querelles vous énervent
Oui, elles vous énervent, voire même vous mettent en colère. Il est peut-être temps de trouver un ami proche qui écoutera tous les sentiments associés aux conflits entre frères et sœurs qui vous empêchent d’être un médiateur efficace quand vos enfants se disputent.
Les questions à examiner pourraient être :
Comment vous sentez-vous quand vos enfants se disputent ? Avez-vous remarqué si vous défendiez systématiquement l’un d’entre eux ? Quel rang occupiez-vous dans la fratrie dans laquelle vous avez grandi ? À votre avis, quels sont les inconvénients et les avantages de cette position ? Comment réagissaient vos parents quand vous étiez en conflit avec vos frères et sœurs ?
Ces quelques outils vous aideront, je l’espère, à mieux vivre les conflits, et même à trouver quelques solutions ! Soyez rassurés, il y a des conflits dans toutes les familles et c’est notre façon de réagir qui est déterminante, bien plus que la survenue des querelles, incontournables et même souvent enrichissantes, que vivent nos enfants… et nous !
« Moi prems ! » Un jeu pour donner de l’attention à un enfant qui se sent à l’écart, classiquement un bambin qui devient l’aîné dans sa famille : « Je veux jouer avec toi. » Annoncez à votre enfant que vous voulez absolument jouer avec lui, c’est impérieux, vous en avez terriblement envie. Vous pouvez lui courir après et même impliquer votre partenaire, qui se mettra en travers de votre route, manifestant lui aussi le désir immense de jouer avec son enfant : « Moi, d’abord ! - Non, c’est moi qui jouerai avec Noémie. - Je suis désolée, mais c’est mon tour. » Votre enfant va rire de bon cœur et reconquérir peu à peu la sécurité dont il a besoin sur l’amour que vous lui portez !
Idée de jeu
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