20 Francs pour une place de premier

«Mon grand-père avait fixé une échelle de récompenses: 20francs pour une place de premier, 15francs pour une place de second, 10francs pour une place de troisième et à partir de quatrième, son pied au derrière.»

Jean Legal, interprété par Roger Pierre, raconte ses souvenirs d’enfance dans un film d’Alain Resnais: «Mon oncle d’Amérique» sorti en 1980. J’avais dix-huit ans et les travaux d’Henri Laborit sur les maladies psychosomatiques mis en scène dans ce long-métrage m’avaient passionnée. «Un cerveau, ça ne sert pas à penser, ça sert à agir.» affirmait Henri Laborit.

À cette époque-là les actions étaient téléguidées par les punitions et les récompenses, ou plus simplement parles sensations de plaisir recherchées avec assiduité et celles de souffrance que nous cherchions à éviter. Quand une situation stressante se présentait, il fallait la fuir, ou lutter pour éviter qu’elle ne se transforme en dysfonctionnement physique. C’était le début de travaux qui n’ont cessé de progresser depuis lors. L’expression des émotions en était le chaînon manquant. Des «si» annonçant une récompense.

Une récompense est le plus souvent annoncée: «Si tu as ton bac, je t’offrirai ton permis», «Si tu vides le lave-vaisselle, nous irons à la piscine ensemble.», «Si tu fais tes devoirs, tu auras le droit de jouer une heure à un jeu vidéo.». Plus jeune, la récompense peut consister en applaudissements sans fin lorsqu’un progrès apparaît, ou en un «C’est bien!» péremptoire, à moins que nous n’utilisions la nourriture comme gratification: le bonbon donné seulement dans certaines circonstances, les chocolats de Noël que l’enfant goûtera si ses comportements sont à la hauteur de nos attentes.

À l’école aussi il y a des bons points, des prix, des notes et un classement. Être premier s’avère valorisant, pourtant le système compétitif mis en place n’est guère compatible avec l’apprentissage. Les enfants luttent pour obtenir les résultats attendus par les adultes qui les entourent. La note quelle qu’elle soit réduit en bouillie le plaisir d’apprendre. Il se retrouve loin derrière la valorisation des parents lorsque les enfants sont classés «honorablement» selon leurs critères. C’est un système présenté comme méritocratique, et relayé par l’ensemble de notre groupe social.

Des récompenses financières sont attribuées aux jeunes bacheliers pourvus d’une mention «Bien» ou «Très bien». Je me demande où est le mérite quand on est parfaitement adapté au système scolaire et que l’on a plaisir à travailler. Le méritant, selon moi, c’est celui qui, au fond de la classe, tue le temps comme il peut et n’exploite pas ses capacités, parce que la méthode est la même pour tous. Il souffre de ne pas comprendre et de penser qu’il n’est pas «bon». Celui-là a un vrai mérite non reconnu, mais il ne sera jamais récompensé pour cela!

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