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Le « cétamoi »

Le « cétamoi »

« C’est à moi » hurle Valentin S, six ans, tout en arrachant un jouet des mains de son copain venu en visite. Prêter, partager, voici deux mots que les tout-petits ignorent totalement pendant quelques années, au grand dam de leurs parents.

On ne peut qu’être dubitatif face à ce qui nous apparaît comme un instinct de propriété extrêmement développé. Il est pourtant nécessaire de s’approprier son environnement et les objets qui le peuplent avant de pouvoir les prêter à quiconque. Cela viendra en son temps. Mais en attendant nous voilà fort embarrassé face à l’agressivité de nos enfants devant les demandes légitimes de leurs amis en visite qui veulent bien entendu s’emparer des jeux qui ne sont pas les leurs, et qui sont donc tellement plus intéressants.

Alors que faire ?

Sandrine F partage sa sagesse de mère : « Où que j’aille, j’emmène toujours un sac de jouets avec moi, ainsi si l’enfant chez lequel nous nous rendons n’est pas d’accord pour prêter ses jouets, mon fils aura les siens, et parfois finalement ils finissent par échanger leurs jeux le temps d’une après-midi. Ceci évite à la mère qui me reçoit le malaise dû à l’attitude de son enfant. Malaise que je comprends pour le vivre moi-même au quotidien »

Brigitte P, elle, préfère intervenir auprès de sa progéniture : « Je leur demande de réfléchir, et d’essayer de faire en sorte que nos invités ne s’ennuient pas. Bien sûr, cela dépend de l’âge de mon enfant, mais je crois que l’on peut toujours négocier avec un bambin. »

Chez Claire D, il n’y a pas de propriété privée. « Chez nous tous les objets sont à tous, les jouets ne font pas exception à la règle, j’ai beaucoup vécu en communauté, et parfois nous partagions même les vêtements, il fallait se lever tôt si on voulait trouver des fringues à sa taille. »

L’expérience de Claire D m’a conduite à penser que peut-être une des solutions à ce problème, serait d’avoir un stock de jeux appartenant à la collectivité et des jeux qui sont vraiment en propre à l’un de nos enfants.

La propriété réserve moult surprises. Nous ne sommes pas prêts à l’accepter parfois, et pas seulement dans le cadre du prêt. Les enfants comprennent assez mal ce que signifie donner, prêter, échanger. Ce qu’ils n’aiment pas en définitive, c’est de devoir se séparer de leurs jouets.

Il leur arrive de s’essayer au prêt sans comprendre que l’objet reviendra, il faudra plusieurs expériences de cette nature avant qu’ils soient rassurés à ce sujet.

Et puis, il y a le don. Donner c’est donner, n’est-ce pas ? Les enfants se le disent du reste. Mais les tout-petits ne savent pas trop ce que cela signifie. Ils veulent faire des cadeaux parfois, parce qu’ils ont observé les réactions positives que cette action suscite, et pourtant ils veulent également les reprendre aussitôt qu’ils les ont donnés, afin de reproduire l’expérience avec d’autres.

Cet apprentissage se fait à son rythme.

Magali se désespère car son enfant fait du troc avec d’autres sans évaluer la valeur de ses trésors. On peut toujours intervenir en tant que parent pour dire qu’il vaut mieux commencer par un prêt et puis passer à un don lorsque l’on a compris que donner c’est ne pas reprendre.

Il arrive que les enfants prennent des jeux qui leur plaisent chez leurs amis, sans forcément les prévenir. Ce n’est pas du vol, c’est simplement un emprunt non consenti.

Quoi qu’il se passe dans les familles, il est important d’être clair sur la propriété des enfants. Si un jeu ou quoi que ce soit d’autre leur appartient, alors ils ont le droit d’en faire ce qu’ils souhaitent, même si cela peut être un sujet de discussion.

Le thème de la propriété nécessite patience, compréhension et humour de la part de chaque membre adulte dans la famille !

Catherine Dumonteil Kremer

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